Colonies de vacances pour enfants et adolescents
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Centres de vacances : silence, on ferme !

Centre de vacances dans le Jura

La baisse des dotations de l'Etat est souvent avancée par des collectivités pour justifier la fermeture de centres de vacances.

A court d'argent, des mairies vendent massivement les centres de vacances qu'elles possédaient. La disparition du patrimoine des colos s'accélère dangereusement malgré des arguments de vente parfois contestables.


Publié le 16/03/2016
Actualisé le 10/01/2019
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Les petites annonces immobilières fleurissent, avec des descriptions bien éloignées des traditionnels T3 ou T4 : "Surface habitable de 2500 m2, 10 salles de douches, 29 chambres et dortoirs". Les ventes de centres de vacances s'accélèrent : chaque mois, la presse régionale se fait l'écho de nombreuses fermetures. Les principaux vendeurs sont les mairies, comme celle de Clichy qui se sépare de son centre de vacances de Murat le Quaire (Puy de Dôme) ou celle de Saint-Ouen, qui annonce qu'elle n'est plus en mesure de conserver ses dix centres de vacances.

Les justifications sont les mêmes, quel que soit le bord politique : la réduction des dotations de l'Etat amène les communes à faire des choix. Vendre un centre de vacances, c'est récupérer au minimum 500 000€ qui abonde le budget global de la ville et permet de contenir l'évolution des impôts locaux. Mais par endroits, les raisons invoquées sont plus contestables. Une élue se retranche ainsi derrière "les goûts des jeunes [qui] ont changé". Un maire préfère retenir un prestataire privé de colonies de vacances plutôt que maintenir son centre : avec lui, les enfants "font de l’accrobranche ; avec nous, de la peinture sur soie".

Que des élus entérinent une vision consumériste des vacances ne peut que surprendre, surtout quand elle concerne leurs jeunes administrés. En 2016, manipuler une scie pour fabriquer un jouet en bois ou cuisiner en pleine nature sur une table à feu sont au contraire des expériences devenues rares et que permet encore la colonie de vacances. Elles sont d'un attrait évident pour les enfants et les ados, à condition de se donner les moyens de valoriser ces activités. Il est regrettable que cette caricature sur les souhaits des jeunes en matière de vacances serve de justification à la fermeture de centres.

La vente préférée à la rénovation

Les contraintes économiques qui pèsent sur les propriétaires des centres de vacances, ajoutées aux obligations de mise aux normes, ne sont évidemment pas nouvelles. Depuis les années 1990, on observe une nette accélération des fermetures de centres de vacances. En Bretagne, près de 20% des locaux hébergeant des colonies de vacances ont fermé en 30 ans. En Haute-Savoie, la saignée a été plus franche encore : les colos étaient 600 dans les années 1990 et 350 en 2007. Les ventes de locaux, déjà, concernaient des collectivités et non exclusivement de petites associations.

Ce qui se joue ici, c'est la relégation des colonies de vacances dans des territoires moins attractifs. Combien de centres de vacances bordent encore le littoral ? Combien de locaux à la montagne sont implantés au pied des pistes de ski ?

Si la tendance n'est pas nouvelle, certains éléments doivent cependant alerter. En premier lieu, notons que la vente d'un centre de vacances est très largement préférée aux travaux pour sa réhabilitation. Pourtant, lorsque les centres de vacances avaient accusé de premiers signes de fatigue dans les années 1970, l'Etat était venu à leur secours par un programme national de rénovation qui avait concerné une centaine de centres par an entre 1979 et 1982. Mais de tels projets ne sont plus d'actualité : la vente s'impose donc comme la seule issue possible pour la grande majorité des propriétaires à court de trésorerie. Ici ou là, la résistance s'organise comme à Saint-Briac (Ille et Vilaine), mais les décisions de fermetures sont souvent maintenues au regard des sommes en jeu

En bord de mer, la purge des colos

C'est donc tout un patrimoine particulier qui disparaît. Certains locaux avaient été construits spécialement pour l'accueil d'enfants, avec le souci de répondre à des préoccupations pédagogiques dont la pertinence n'a pas varié depuis des décennies. Leur agencement était le témoin d'une réflexion éducative qui est toujours d'une brûlante actualité. Au-delà de la spécificité des locaux, c'est surtout leur implantation que l'on pourra regretter. Quand ils sont vendus, les centres de vacances sont convertis en résidences hôtelières ou en immeubles de standing : leur situation privilégiée, les pieds dans l'eau ou à flanc de montagne, en font des cibles très convoitées par les promoteurs immobiliers.

Ces acquisitions et transformations, qui répondent à des exigences de profit devenues banales, dessinent néanmoins un mouvement plus inquiétant : la relégation des colonies de vacances dans des territoires moins attractifs. Combien de centres de vacances bordent encore le littoral ? Combien de locaux à la montagne sont implantés au pied des pistes de ski ? Si ces lieux avaient été choisis dans les années 50 pour héberger des enfants, c'est parce que leur milieu permettait de véritables découvertes et qu'il était bon pour la santé. Vider les plages des enfants, exclure les gamins des massifs de montagne, c'est renoncer à une forme d'égalité qui a toujours permis à chacun, quel que soit son milieu, de profiter des bienfaits d'une colonie de vacances.



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